Vu de l'étranger. Macron “sur la corde raide” avec sa planification écologique “à la française”
Le président français a détaillé lundi son plan pour une écologie “à la française”, devant permettre de réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030, tout en restant compatible avec “un modèle productif”. La presse internationale se demande si cette approche aura les résultats escomptés.
Publié le 26 septembre 2023 à 05h33 Lecture 2 min.
“Un million de voitures électriques, un million de pompes à chaleur produites d’ici 2027 et treize RER métropolitains”, retient Le Soir après les annonces d’Emmanuel Macron sur la planification écologique du gouvernement. “Précédé d’une communication parfois chaotique”, son discours “était fort attendu, alors que le sujet était resté visiblement absent de ses premières interventions de rentrée”.
“Au programme : des annonces, des idées et des projets sommes toutes assez convenus”, estime le quotidien belge. “Pas de remise en cause radicale, plutôt une planification industrielle ‘verte’”.
Un constat partagé par Público, qui décrit un plan présidentiel “refusant ‘une écologie incompatible avec un modèle productif’, autrement dit fermant la porte à tout changement de modèle économique”.
Le plan d’Emmanuel Macron vise à “répondre à la crise climatique tout en garantissant que la France reste compétitive dans les domaines agricole et industriel”, écrit encore The Guardian.
“Contrôle” du prix de l’électricité
Le quotidien britannique détaille quelques autres des “cinquante mesures” prévues, notamment “le frein mis aux chaudières à gaz – même si le président n’est pas allé jusqu’à les interdire complètement”, “de nouveaux projets de parcs éoliens offshore, l’ouverture de plusieurs usines de batteries électriques dans le nord de la France”, et “l’établissement d’une carte des ressources naturelles de la France, notamment de l’hydrogène et des éléments essentiels [à la fabrication] des batteries au lithium”.
Emmanuel Macron, les yeux rivés sur l’inflation et le pouvoir d’achat – première préoccupation des Français –, a également annoncé une reprise “du contrôle” du prix de l’électricité, pour qu’il soit “soutenable à la fois pour [les] entreprises et pour [les] ménages”.
La méthode pour y parvenir sera dévoilée en octobre, mais “l’objectif est de maintenir les prix payés par les entreprises et les ménages, qui ont récemment augmenté suite à la hausse du prix du gaz, plus proches des coûts de production en France”, explique Bloomberg.
“L’initiative sera étroitement surveillée par les pays voisins comme l’Allemagne, ainsi que par les autorités européennes de la concurrence”, affirme le média économique. Car “les gouvernements de toute l’Europe cherchent des moyens de maintenir des objectifs ambitieux en matière de lutte contre le changement climatique et ses effets dévastateurs, tout en soutenant les ménages et les entreprises déjà confrontés à la hausse des coûts de l’énergie, de l’alimentation et des équipements”.
La “carotte” plutôt que le “bâton”
Pour l’heure, aucun des pays “confrontés à des choix similaires” n’a trouvé la solution, “le Royaume-Uni revenant sur ses objectifs climatiques pour des raisons électorales, et l’Allemagne remettant de plus en plus en question le programme environnemental de l’Union européenne”, relève Politico.
“Macron veut montrer qu’il s’engage en faveur des objectifs de réduction des émissions, sans pour autant imposer aux citoyens des obligations coûteuses”, poursuit le site d’information. En d’autres termes, “la France mise davantage sur la carotte que sur le bâton pour atteindre ses objectifs climatiques”.
Mais est-ce le bon choix ? “Macron marche sur la corde raide en matière d’action contre le changement climatique depuis son premier mandat, après que son gouvernement a été ébranlé par les manifestations des gilets jaunes en 2018”, déclenchées par l’augmentation des taxes sur les carburants, analyse le Financial Times.
“Les observateurs politiques affirment que sa tentative de trouver un juste milieu pourrait rendre la politique sur le changement climatique difficile à mettre en œuvre dans un délai de six ans, pour atteindre l’objectif d’émissions de 2030”, ajoute le quotidien économique.
Emmanuel Macron lui-même a résumé lundi “l’intensité de l’effort à consentir”, souligne Le Soir. “Sur le chemin qui mène de 1990 à 2030, la moitié de l’effort [de réduction des émissions de gaz à effet de serre] a été réalisée, assure-t-il”. Cela suppose “d’aller deux fois et demie plus vite sur les cinq années à venir”, a reconnu le président.
Element inconnu
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Pendant que vous dormiez. Haut-Karabakh, Air France-KLM et îles Cook : les informations de la nuit
Publié le 26 septembre 2023 à 05h57 Lecture 1 min.
L’exode des Arméniens du Haut-Karabakh se poursuit. “L’Arménie a du mal à faire face à l’afflux de réfugiés fuyant le Haut-Karabakh”, après la victoire éclair de l’Azerbaïdjan sur les forces armées de l’enclave séparatiste la semaine dernière, rapporte RFE-RL. Des “milliers” de personnes se pressent sur la seule route reliant le Haut-Karabakh et l’Arménie, et lundi soir les autorités d’Erevan ont annoncé qu’au moins “6 650 réfugiés étaient entrés dans le pays”. Pour ajouter à la confusion, les responsables de l’enclave séparatiste ont fait état de l’explosion d’un dépôt de carburant, qui aurait fait plus de 200 blessés – parmi lesquels de nombreuses personnes qui attendaient de faire le plein pour quitter le territoire. “La plupart sont dans un état sérieux ou grave”, précise la radio.
Air France-KLM commande 50 long-courriers à Airbus. Le groupe aéronautique franco-néerlandais a annoncé lundi l’achat de 50 avions de la famille A350 pour remplacer sa flotte vieillissante de Boeing 777-200 et d’Airbus A330. La commande est assortie de “droits d’acquisition pour 40 appareils supplémentaires”, précise Bloomberg. Avec cette nouvelle commande, “Air France-KLM deviendra le plus grand opérateur du monde” de l’A350.
Les États-Unis vont reconnaître les îles Cook et Niue. Joe Biden, qui a reçu lundi à la Maison Blanche de nombreux dirigeants d’îles du Pacifique, a annoncé la reconnaissance officielle et l’ouverture de relations diplomatiques avec les îles Cook et le territoire de Niue. Le président américain “cherche à renforcer les relations dans la région indo-pacifique pour contrer l’influence croissante de la Chine”, explique CNN.
Vu d’Allemagne. Au Niger, “un échec cuisant pour les Français dans leur ancien pré carré”
Après le coup d’État au Niger fin juillet, Emmanuel Macron n’avait cessé de tenir tête aux putschistes. Le 24 septembre, il a annoncé le retrait des militaires présents sur place. Pour ce journaliste allemand, ce “coup dur” est la preuve de “l’étiolement fulgurant” de l’influence française au Sahel.
Nouvel échec cuisant pour les Français dans leur ancien “pré carré*”, leur zone d’influence géopolitique en Afrique de l’Ouest, où ils possédaient autrefois de nombreuses colonies. Deux mois après le putsch au Niger, Paris rappelle son ambassadeur et annonce le retrait des quelque 1 500 soldats déployés dans le pays.
L’intégralité des troupes sera rapatriée d’ici à la fin de l’année, a fait savoir Emmanuel Macron lors d’une interview télévisée [le 24 septembre]. “Je suis très inquiet [pour] cette région”, a-t-il confié aux journalistes, avant de rappeler que la France avait pris, “parfois seule”, toutes ses responsabilités dans la lutte contre le terrorisme islamique dans la région. Le président s’est dit fier des soldats français, mais ne se sent plus responsable [de la vie politique] de ces pays.
Après le Mali et le Burkina Faso ces dernières années, c’est le Niger qui est tombé aux mains des putschistes le 26 juillet dernier. Ces bouleversements en chaîne ont valu à la région le surnom de “ceinture de coups d’État”. Du jour au lendemain, la position française a radicalement changé : l’un de ses derniers alliés dans la région s’est transformé en adversaire. Le chef de la junte, le général Abdourahamane Tiani, a désigné l’Hexagone comme un ennemi, et demandé le départ de son ambassadeur à Niamey, Sylvain Itté. Mais pendant des semaines, Emmanuel Macron a refusé de se plier à l’ultimatum des nouveaux dirigeants. Il y a une dizaine de jours, il a accusé les militaires de retenir le diplomate en otage dans sa propre ambassade.
Un coupable idéal
Mais des voix se sont élevées contre l’Élysée. Pour certains Français, c’est Emmanuel Macron lui-même qui a transformé l’ambassadeur en otage
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Politique. Alberto Núñez Feijóo, le leader de la droite qui a “perdu la baraka” en Espagne
L’investiture au poste de Premier ministre du chef du Parti populaire (droite), dont le processus débute au Congrès des députés espagnol ce mardi 26 septembre, est vouée à l’échec. Selon la presse, Feijóo et sa formation préparent déjà l’après.
Publié le 26 septembre 2023 à 05h00 Lecture 2 min.
“Tout allait bien pour [Alberto Núñez] Feijóo”, démarre El País. À l’approche des élections législatives du 23 juillet en Espagne (le “23-J”), les sondages prédisaient au leader du Parti populaire (PP, droite) une “majorité absolue” avec l’appui de Vox (extrême droite), ce qui lui aurait ouvert les portes de la Moncloa, la résidence officielle du Premier ministre espagnol à Madrid.
Pourtant, “quelque chose s’est mal passé”, poursuit le quotidien de centre gauche. Certes, “le monarque galicien, habitué à la majorité absolue” − Feijóo l’a toujours raflée lors de quatre élections consécutives en Galice, région autonome qu’il a dirigée de 2009 à 2022 −, est arrivé en tête du scrutin du 23-J. Néanmoins, l’investiture du dirigeant conservateur, qui sera débattue puis votée à partir de ce mardi 26 septembre au Congrès des députés, est vouée à l’échec, s’accorde à dire l’ensemble des journaux espagnols.
À Barcelone, La Vanguardia sort la calculette : “Lors du premier vote (mercredi 27), la majorité absolue [fixée à 176 sièges sur 350] est nécessaire [pour être élu chef du gouvernement]. Lors du second (vendredi 29), seule la majorité simple suffit […]. Pour l’heure, le candidat du Parti populaire n’a pas les bons numéros. Il dispose de 172 voix sûres en sa faveur [celles du PP, de Vox et de petits partis], alors que se dessine un front contraire de 178 voix.”
“Dépassé par les événements”
En clair, hormis un improbable retournement de situation, Feijóo laissera le champ libre au socialiste Pedro Sánchez, qui tentera de conserver son poste de Premier ministre. Ce dernier travaille ce scénario en négociant l’appui du parti indépendantiste catalan Junts, de l’eurodéputé Carles Puigdemont, qui fuit la justice espagnole et réclame une amnistie en échange de son soutien à Sánchez.
Si le Madrilène échoue lui aussi à former une majorité, de nouvelles élections seront organisées outre-Pyrénées.
Aujourd’hui, le constat est limpide : “Feijóo semble avoir perdu la baraka”, selon la formule d’El País. Comment l’expliquer ? Par une succession d’“erreurs stratégiques”, répond le journal madrilène. Après les élections municipales et régionales du 28 mai (le “28-M”), le PP a signé “des accords chaotiques” très controversés pour gouverner avec Vox dans cinq régions autonomes et plus d’une centaine de municipalités espagnoles.
Il n’a ensuite pas réussi à obtenir la présidence de la chambre basse du Parlement, occupée dorénavant par la socialiste Francina Armengol, pas plus qu’il n’est parvenu à rassembler suffisamment de soutiens parlementaires pour atteindre la majorité.
“Personne ne remet en question le leadership de Feijóo, mais sa stratégie, prévient, sous le couvert de l’anonymat, un responsable du PP dans les colonnes d’El País. Il semble dépassé par les événements.”
Vox pop
Ces dernières semaines, “Feijóo se comporte comme s’il était à la fois candidat au poste de Premier ministre et leader de l’opposition”, insiste InfoLibre afin de rappeler que l’investiture du conservateur est perdue d’avance.
D’après le média de gauche, le rassemblement contre l’amnistie des indépendantistes catalans, que le PP a organisé le 24 septembre à Madrid, l’a prouvé : cette manifestation témoignait autant de la volonté du parti de démontrer l’étendue de la “force territoriale” dont il dispose depuis les élections du 28 mai que de la nécessité “de se réarmer face à une possible répétition électorale”.
Dans la rédaction du site El Confidencial, cette grand-messe conservatrice a surtout mis en avant “la solitude de Feijóo” devant la “semaine noire” qui l’attend. D’autant qu’en coulisse la présidente de la région autonome de Madrid, Isabel Díaz Ayuso, étoile montante du PP, “fait déjà figure de candidate” pour succéder au Galicien, âgé de 62 ans, à la tête du parti, selon le média de centre droit.
Alors, quel discours pourra donc bien tenir Feijóo face aux députés, ce mardi ? Le journal très conservateur La Razón conseille d’abord simplement au chef de la droite de “présenter son programme et son alternative à une alliance des gauches avec les indépendantistes dans laquelle le PSOE [Parti socialiste ouvrier espagnol] a renoncé à son essence pour servir uniquement l’ambition de Pedro Sánchez de se maintenir au pouvoir”.
Puis, de “choisir quelle est sa relation à long terme avec Vox”, car “c’est là que se joue l’avenir de la droite”.
Chronique. Antoine Dupont, une fracture française
La blessure d’Antoine Dupont lors du match contre la Namibie met les réseaux sociaux français dans tous leurs états. Patriotisme, wokisme, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont été mêlés à l’affaire, dans des réflexions bien loin du monde du sport, observe le journaliste britannique John Lichfield dans sa chronique “Au-dessus de la mêlée”, écrite pour “Courrier International”.
Réservé aux abonnés Publié le 26 septembre 2023 à 05h00 Lecture 2 min.
Le pays tout entier retient son souffle. Les Français invoquent le ciel et cherchent sur Internet comment guérir d’une fracture de la pommette et de la mâchoire.
Antoine Dupont, capitaine et demi de mêlée des Bleus, le meilleur joueur de rugby au monde, est blessé. Et sa participation à la suite de la Coupe du monde de rugby est sérieusement compromise.
Ce traumatisme collectif ne touche pas uniquement la France. Les Français l’ignorent peut-être, mais Antoine Dupont est très populaire en Grande-Bretagne ; et même dans toute la planète rugby.
Le monde entier admire sa virtuosité – “il a la force d’un avant, la défense d’un centre, la vitesse d’un ailier et l’intelligence d’un demi d’ouverture”, a ainsi déclaré l’entraîneur d’une équipe adverse. Son intelligence pénétrante et sa modestie sont aussi très estimées.
Pas étonnant que La Toute France* soit accablée. Toute la France ? Pas vraiment.
À en juger par les commentaires sur les réseaux sociaux, un petit groupe d’“irréductibles Gaulois” se réjouissent de la blessure de Dupont, la qualifiant de juste retour des choses, et de châtiment bien mérité. Il
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John Lichfield
Économie. En Allemagne, la désindustrialisation est en marche
La sacro-sainte industrie allemande met les voiles, alerte le journal conservateur “Cicero”. Entre crise énergétique et concurrence internationale, le gouvernement – et surtout les Verts – semble incapable de rassurer les entreprises.
Entrepreneurs et cadres dirigeants sont par nature opportunistes. Si le vent tourne, ils changent de cap. À court terme, cela peut paraître sensé car il n’est pas bon pour les affaires de résister trop longtemps à des changements qui semblent inéluctables. À long terme néanmoins, la remarquable souplesse des élites économiques allemandes pourrait nuire à tout le pays. Nous en voyons déjà les conséquences.
Car ce pays, qui a bâti sa force, sa valeur et sa place dans le monde sur sa légendaire capacité à reconstruire son industrie après deux guerres mondiales perdues, est sur le point d’anéantir les piliers de sa réussite.
L’avalanche de problèmes qui s’abat aujourd’hui sur l’industrie allemande est l’héritage d’Angela Merkel. L’ancienne chancelière conservatrice n’a fait que rebondir de crise en crise, sans vision globale et sans cap pour le pays.
Accélération de la démolition
Parce qu’elle a préféré caresser ses électeurs dans le sens du poil, elle a renoncé à des réformes pourtant nécessaires. Résultat : des infrastructures en piteux état, une bureaucratie envahissante, une numérisation au ralenti et un système d’assurance sociale et de retraite de plus en plus étouffant pour les jeunes et les générations à venir. Aujourd’hui, la guerre en Ukraine souligne aussi l’erreur fondamentale qu’a été le tournant de la politique énergétique allemande après la catastrophe de Fukushima [à savoir la sortie du nucléaire et l’importance croissante du gaz russe pour faire tourner l’économie].
Cela n’était qu’un prélude, avant que le gouvernement actuel [composé des sociaux-démocrates, des Verts et des libéraux] n’entre en action. Car c’est l’ensemble des partis de la coalition gouvernementale – chacun pour des raisons diverses et de différentes manières – qui est responsable du mouvement de désindustrialisation qu’on observe déjà dans plusieurs secteurs.
La coalition du chancelier social-démocrate Olaf Scholz est arrivée au pouvoir sur la promesse ronflante de réinventer l’“économie sociale de marché” du conservateur Ludwig Erhard [considéré comme l’artisan du “miracle économique” allemand après la Seconde Guerre mondiale]. Mais elle a surtout réussi à accélérer cette vaste opération de démolition. Tout cela parce que les Verts, un parti fondamentalement hostile à l’industrie et à l’idée de croissance, tiennent les manettes du pouvoir.
L’énergie au cœur de la crise
La nomination de leur chef, Robert Habeck, comme 21e successeur de Ludwig Erhard au poste de ministre de l’Économie, a d’abord été accueillie avec enthousiasme. L’homme paraissait frais et non dogmatique ; il savait à la fois écouter et parler. Ses vidéos improvisées, dans lesquelles il expliquait sa politique sur un ton désinvolte et familier, faisaient merveille. Habeck marquait alors des points non seulement dans son propre parti, mais également dans les milieux économiques et industriels.
Il ne reste aujourd’hui plus grand-chose de cet enthousiasme initial et de l’espoir d’assister à un “miracle économique et écologique”. L’ambition du renouveau a laissé la place à la frustration et à la résignation dans les entreprises allemandes. Les t
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Découverte. Dans l’est du Soudan, une musique d’un nouveau genre envoûte les foules
Jantra fait vibrer les foules de l’Est soudanais sur des sons novateurs et électros, mêlant synthé et mélodies soudanaises traditionnelles. Baptisée “Jaglara”, cette musique est enfin audible dans le monde entier depuis la sortie d’un disque cet été, s’enthousiasme “Middle East Eye”.
Publié le 26 septembre 2023 à 05h00 Lecture 1 min.
“C’était puissant, une énergie contagieuse – c’était un club” : c’est en ces termes que Vik Sohonie décrit auprès de Middle East Eye la première fois qu’il a écouté Jantra se produire en public, lors d’un mariage près de Khartoum, la capitale du Soudan, située dans l’est du pays.
Le fondateur du label indé Ostinato Records a été tellement ébloui par la créativité du musicien soudanais qu’il a voulu le produire, pour faire ainsi rayonner cette nouvelle musique baptisée “Jaglara”, qui mêle sons traditionnels et électros, relate le site panarabe.
Sorti mi-juin, l’album Synthesized Sudan : Astro-Nubian Electronic Jaglara Dance Sounds from the Fashaga Underground a rendu “la musique jusqu’à présent obscure de Jantra accessible aux pistes de danse du monde entier”, se réjouit Middle East Eye.
Une musique cosmique
C’est avant tout dans sa région de Fashaga, dans l’extrême est du pays, que l’artiste se produit en animant notamment des soirées de mariage, comme un certain Omar Souleyman à ses débuts.
“Ses beats survoltés rappellent la dabkeh frénétique du légendaire musicien syrien Omar Souleyman mais le jaglara (qu’on peut traduire grossièrement par ‘improvisation’) apparaît comme un cocktail surnaturel propre à Jantra et à sa région. Mélodies et rythmes traditionnels soudanais se mêlent à des synthés éthérés pour créer des fréquences sublimes que seul son Yamaha peut faire naître”, décrit le site d’information.
Originaire de la ville de Qadarif, l’artiste se produit surtout devant des populations rurales de cette province isolée, objet de disputes territoriales avec ses voisins, l’Érythrée et l’Éthiopie. Un environnement a priori “improbable pour faire jaillir cette musique fascinante de l’ère spatiale”, et qui rend difficiles les déplacements de Jantra dans le reste du pays.
Innovation et improvisation
Mais Jantra a su captiver sa communauté grâce à sa virtuosité sur son synthé Yamaha reprogrammé pour l’adapter à la polyrythmie soudanaise.
Et des vidéos très suivies de ses performances sur les réseaux sociaux ont attiré l’attention de Vik Sohonie, qui a voulu enregistrer un album. Mais cela ne pouvait pas se faire de manière classique dans un studio, tant sa musique se nourrit de l’improvisation et de l’énergie de la foule.
Les dix morceaux de l’opus ont donc été fabriqués à partir d’enregistrements live lors de cérémonies, fusionnés avec d’anciennes cassettes de Jantra, et sont accompagnés d’une imagerie afrofuturiste. Car pour le producteur, “c’est dans des lieux détachés de l’ordre international, [relativement préservés de la mondialisation], que se fait la musique la plus novatrice”.
Author: Sarah Green
Last Updated: 1698589802
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